J’ai suis fascinée par l’effet que les films ou les séries peuvent avoir sur la plupart d’entre nous.
En tant que très grande fan de séries, je me suis demandé ce qui faisait que je les appréciais autant et ce qui pourrait être applicable à la formation.
Voici les 4 points que j’ai relevé:
1. Elles ont un effet positif sur les spectateurs
En dehors du fait de rendre (vraiment) accro certaines personnes, regarder une série est généralement plutôt sympa.
Son effet positif se ressent à travers 3 points :
- Nous sommes directement plongés dans un univers. S’il est bien construit, les spectateurs s’en imprègnent.
- Bien que ce soit à travers un écran, nous vivons les évènements en même temps que les personnages.
- Nous avons le choix. Dans les genres de séries, dans les plateformes de visionnage… Nous aimons tous nous sentir libres, libres de faire des choix. L’offre disponible et la façon dont elle est présentée nous donne envie d’en découvrir d’autres.
2. Elles engagent les émotions
Quelles soient positives ou non, elles suscitent des réactions allant du rire aux pleurs chez certains.
J’ai relevé 2 éléments sur ce point :
- La magie du cliffhanger (ou l’art de laisser du suspens en fin d’épisode). Lorsque le cerveau est engagé dans une activité agréable, il secrète de la dopamine (hormone du plaisir). Et selon le psychologue Renee Carr, le plaisir ressenti renforce l’engagement ! En effet, la dopamine enclenche un mécanisme de récompense. D’où la nécessité de lancer un nouvel épisode.
- L’attachement aux personnages est extrêmement puissant car on s’identifie à eux. S’ils sont crédibles, cohérents, réalistes que leur construction psychologique est poussée et qu’ils incarnent des problématique similaires aux nôtres, nous n’y restons pas insensibles.
- L’intrigue est bien ficelée et davantage basée sur les personnage que sur l’histoire en elle-même. Leurs personnalités se complètent dans les dialogues comme dans les interactions avec leur environnement, ce qui génère de nouvelles intrigues (cf La Casa de Papel entre les membres du groupe de voleurs et les voleurs et les otages). Il y a clairement un réel travail de fond sur les personnages pour les rendre universels. Cette mission relève du scénariste qui doit creuser les vraisemblances. (cf Orphan Black avec les différents clones qui ont chacun leur propre personnalité).
3. Elle créent des communautés
On peut être sceptique sur ce point mais je vous explique.
- Nous avons au moins une personne dans notre entourage qui regarde la même série que nous. Pour peu qu’il y en ait plus, nous constituons déjà une petite communauté de fans.
- Si nous sommes seuls à regarder une série, nous ne le sommes jamais vraiment. TVtime en est l’exemple parfait où il est non seulement possible de suivre ses séries mais aussi de suivre d’autres personnes qui ont des goûts similaires aux nôtres et, entre autres, de partager ses ressentis sur chaque épisode avec les autres. Il existe aussi des forums en ligne avec des personnes qui cherchent à percer les mystères de certaines séries (rappelez-vous de Lost : Les Disparus et sa fameuse suite de chiffres qui revenaient tout le temps sans que personne ne comprenne pourquoi).
- D’un tout autre niveau, les conventions. Que ce soit sur un évènement (Japan Expo avec les acteurs de Stargate SG-1) ou un événement en lui-même (Rebel Spartacus pour la série Spartacus). Ces événements regroupent les plus grands fans de séries qui souhaitent retrouver d’autres fans mais aussi les acteurs.
4. Elles attisent la curiosité de manière constante
Au-delà de l’intrigue en elle-même, j’ai relevé 3 techniques utilisées pour nous inciter à enchaîner les épisodes.
- Les séries sont, par nature, constituées de plusieurs épisodes. Vous aurez remarqué qu’un seul épisode ne contient pas une unique scène avec les mêmes personnages pendant environ 45 minutes. Le contenu est découpé à l’intérieur d’un épisode. Pour aller plus loin, une scène peut avoir été coupée en plusieurs parties. Celles-ci seront une à une diffusées dans des épisodes différents. C’est le cas dans This is us avec le récit d’une famille où nous découvrons leur présent mais aussi leur passé au travers de nombreux flashbacks au cours d’un épisode.
- Elles donnent un certain rythme : A travers les moments d’action et ceux plus calmes, ceux qui poussent à la réflexion et les moments légers mais aussi par les coupures. En effet, ces dernières peuvent être représentées par des publicités en cours d’épisode (comme dans les télénovelas) ou les cliffhangers (Game of Thrones peut en proposer 3 dans un seul épisode !)
- Elles posent non seulement des bonnes questions mais donnent aussi envie de connaître la réponse. (cf Westworld, le parc d’attraction où se trouvent des androïdes similaires aux être humains. Les visiteurs du parc ont la liberté d’y faire ce qu’ils veulent puisque ça n’a pas de conséquence sur la vraie vie.)
Bien que le travail des acteurs soit essentiel, la première étape qui détermine la réussite d’une série est la question de scénarisation et donc celle de l’écriture.
Voici donc quelques pistes de réflexion pour la phase de conception :
- Favoriser les émotions positives
- Créer un univers familier
- Laisser le choix
- Donner la possibilité de faire partie d’une communauté aussi petite soit-elle
- Prévoir des mini-événements si le projet s’y prête
- Permettre de s’identifier aux personnages si la formation s’y prête
- Imaginer un découpage qui permet de rythmer la formation
- Encourager la réflexion
L’effet addictif d’une série est lié à sa qualité alors sans chercher à rendre qui que ce soit addict aux formations, la qualité de la formation est essentielle pour que l’apprenant ait envie d’aller plus loin ou tout simplement d’arriver au bout !
Le pouvoir des séries est sans limite et je suis convaincue qu’il en est de même pour la formation.
On relève le défi ensemble ?
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